La Marseillaise, 01.08.2008 Alibi Théâtre. Encore une prouesse de Pauline Latournerie
■ On avait vu l’an passé « exilée Salomé » du Théâtre de la Tortue où elle incarnait avec passion ce personnage biblique dans un tra-vail aux lisières du possible, soute-nue par la guitare d’André Stern et, bien-sûr, le texte et la mise en scène de Giancarlo Ciarapica. On avait beaucoup aimé cette œuvre, et c’est pour cette raison que, cette année, on est venu voir et entendre « Femina Vox », cette voix de femme, récit singulier, première étape d’un long travail sur la femme, initié cette année et qui doit durer dans le temps. Pièce dure à souhait, on assiste à la souf-france d’une femme qui dit son passé, son enfance meurtrie de multiple façons et son amour pour un homme. Puis sa déchéance, son entrée dans le monde de la folie. Prise entre ses hoquets et ses tran-quillisants, une femme se débat, se livre, s’expose. Situation sur la condition de la femme, de bien des femmes qui ne peuvent exprimer leur mal-être et qui, à un moment donné, brisent tout, se brisent aussi. Pauline Latournerie, une fois encore, bouleverse, force l’admiration pour son travail, son implication. Elle est bien secondée par le texte et la mise en scène de Giancarlo Ciarapica, la musique en direct d’André Stern, mais elle donne plus que ce que peut donner un être, on sort retourné, renversé, bouleversé. Elle joue trois specta-cles cette année, avec une force, un don de soi hors du commun, une actrice à préserver, un être comme il en existe peu. JM GAUTIER
Pauline Latournerie, une
comédienne corps et âme
|